Déclaration de l'International Migrants AllianceÀ l'occasion de la commémoration de la Journée internationale des migrants 2020

Lutter pour nos droits, notre dignité et le bien-être de tous.
Construire un nouvel ordre mondial sur les bases de la justice et de la solidarité.

En raison de notre statut juridique et de nos professions, nous sommes plus au risque de contracter et de transmettre le coronavirus. Nous l'avons constaté lors des éclosions de COVID-19 dans des dortoirs à Singapour, aux Maldives et dans le Golfe, dans des abattoirs et des usines de transformation de la viande aux États-Unis et en Allemagne, dans des fermes canadiennes, dans des centres de détention en Malaisie et dans des camps de personnes déplacées en Grèce et au Bangladesh, ainsi que chez les personnes migrantes en Mésoamérique et en Amérique du Sud.

Pour marquer la Journée internationale des migrants, l'Alliance internationale des migrants (AIM) appelle toutes les personnes migrantes, réfugiées et leurs familles à s'unir et à lutter pour nos droits, notre dignité et le bien-être de tous et toutes. La pandémie de coronavirus, encore incontrôlée, continue de faire des ravages sur les vies et les moyens de subsistance dans le monde entier, aggravant les ravages infligés aux populations par le pillage, l'exploitation et la guerre impérialistes. Alors que le monde est sous confinement, les travailleur.es et les étudiant.es migrants, les migrant.es en transit et dans les camps, les réfugié.es et autres personnes déplacées se retrouvent dans des situations encore plus vulnérables.

Malgré cela, nous sommes souvent les derniers à recevoir des soins médicaux ou des services de santé, si tant est que nous ayons accès à des installations sanitaires. Alors que notre droit humain fondamental à la santé nous est refusé, les actes racistes et xénophobes à notre encontre se multiplient, les personnes migrantes étant considérés comme des boucs émissaires du virus ou comme des parasites des services publics qui ont été mis à rude épreuve par des décennies de restrictions néolibérales et de privatisation.

Si nous sommes les derniers à bénéficier de soins de santé, nous sommes les premiers à être au chômage. Les mesures de verrouillage strictes mises en uvre par de nombreux gouvernements ont un impact plus important sur les secteurs qui dépendent de la main-d'uvre migrante, tels que les transports, la navigation, le tourisme, la gastronomie, l'hôtellerie, les services domestiques, le commerce de détail, la construction et l'agriculture. De nombreux détenteurs de visas temporaires, comme les étudiant.es, ont également perdu leurs moyens de subsistance. Mais les verrouillages et les fermetures de frontières ont laissé des milliers de personnes bloquées, incapables de subvenir à leurs besoins là où elles se trouvent et incapables de rentrer chez elles. Pourtant, ils et elles se voient également refuser l'aide du gouvernement en raison de leur statut migratoire. En conséquence, beaucoup sont tombés dans le dénuement, contraints de compter sur la charité pour subvenir à leurs besoins fondamentaux, ou forcés d'accepter des conditions de travail encore plus abusives.

Mais les abus et l'exploitation dont sont victimes les personnes migrantes et réfugiées ne sont pas seulement le résultat de la pandémie COVID-19. En effet, la crise sanitaire et économique actuelle déclenchée par le coronavirus démontre une fois de plus à quel point la main-d'uvre migrante est devenue un outil vital du capital monopoliste pour maintenir le taux de profit ainsi que pour gérer les crises capitalistes, en particulier à l'ère du néolibéralisme. Pendant les périodes d'expansion économique, l'embauche de main-d'uvre migrante permet aux employeurs de contrer la tendance à la hausse des salaires lorsque le marché du travail se resserre dans des industries ou des secteurs particuliers ou dans l'ensemble de l'économie. Pendant les récessions comme celle qui est actuellement déclenchée par COVID-19, les travailleur.es migrant.es peuvent être encore plus utiles au capital - surtout les travailleur.es sans papiers. Ils et elles peuvent être facilement licenciés, expulsés ou retenus, mais dans des conditions d'exploitation et d'abus extrêmes. Là encore, les capitalistes économisent sur les indemnités de licenciement, d'assurance chômage, etc.

Pendant ce temps, les pays exportateurs de main-d'uvre, longtemps pillés et sous-développés par l'impérialisme, font face au chômage plus élevé et à la diminution des renvois de fonds et des revenus, et de laggravation de l'endettement. Les migrant.es rapatriés rejoignent les rangs gonflés des chômeurs, tandis que ceux et celles qui parviennent à trouver un nouvel emploi à l'étranger sont frappés par de nouveaux frais obligatoires des gouvernements qui cherchent à renflouer leurs coffres vides.

Mais les personnes migrantes démontrent aussi quil existe des liens indéfectibles entre les peuples du monde. Elles sont en première ligne pour fournir des soins aux malades et aux mourants. Dans les pays capitalistes avancés, une personne sur cinq, travailleuses de la santé, est une personne migrante. Alors que les gens du monde entier cherchent à se mettre en abri chez eux, les travailleurs et travailleuses migrant.es continuent à uvrer dans les champs, à livrer de la nourriture et des biens de première nécessité, à s'occuper des enfants, à nettoyer les maisons et à entretenir les infrastructures qui nous permettent de vivre. Leurs envois de fonds à leurs pays dorigine continuent à soutenir la consommation intérieure, et permet aux ménages et à l'économie de se maintenir à flot.

La pandémie COVID-19 est un rappel brutal quil nous faut un nouveau système social et économique où la main-d'uvre est employée pour répondre aux besoins de tous et toutes, pour améliorer le bien-être de la population et prendre soin de l'environnement au lieu de simplement enrichir quelques personnes. Elle nous rappelle que les principaux bénéficiaires du système existant - l'élite capitaliste monopoliste et les gouvernements à leur service - sont aussi les principaux obstacles à notre vision d'un nouvel ordre mondial juste.

Au lieu de donner la priorité aux mesures de santé publique et au bien-être social, de nombreux gouvernements ont adopté une réponse militarisée à la pandémie - utilisant même la pandémie comme prétexte pour réprimer la dissidence et restreindre les libertés civiques. Ils harcèlent et intimident les défenseurs des droits, censurent les journalistes et les médias, font un usage excessif de la force et emprisonnent sans procès les commerçants de rue et informels ainsi que les manifestants, utilisant la loi comme arme contre les migrants et contre leurs opposants, tout en augmentant les dépenses de l'appareil militaire et de sécurité de l'État. Certains déploient des forces de sécurité de l'État ou des forces paramilitaires pour procéder à des exécutions extrajudiciaires.

En même temps, les capitalistes monopolistes utilisent la crise de COVID comme occasion pour s'emparer des subventions de sauvetage des entreprises du trésor public et pour adopter de nouveaux moyens pour extraire plus de superprofits de l'exploitation et de l'oppression des travailleurs et travailleuses. Ces moyens comprennent l'utilisation de nouvelles technologies telles que la robotique avancée, l'intelligence artificielle, l'internet des objets et les plateformes numériques pour surveiller et contrôler notre façon de travailler, d'acheter, de nous déplacer, de nous socialiser et de penser. C'est leur façon de "reconstruire un monde meilleur".

L'Alliance internationale des migrants appelle toutes les personnes migrantes et réfugiées, dans les pays d'accueil comme dans les pays d'origine, à défendre notre dignité et à faire valoir nos droits face à la pandémie mondiale et à ses conséquences. Nous devons renforcer notre unité et notre détermination à mettre fin à la discrimination et à la violence contre les personnes migrantes ; à mettre fin à la criminalisation et à la répression brutale, aux descentes ciblés et aux expulsions de travailleurs et travailleuses migrants impliqués dans des activités syndicales ou politiques ; à exiger le rapatriement en toute sécurité des personnes migrantes bloquées sur terre et en mer ainsi que la régularisation immédiate et sans condition des personnes migrantes sans papiers…

Nous devons sensibiliser les personnes migrantes et les populations aux causes de la migration forcée, de l'exploitation, de la discrimination et de la guerre – soit le système capital monopoliste ou l'impérialisme lui-même. Nous devons continuer à nous organiser et à construire notre mouvement. Nous devons renforcer la solidarité avec les organisations, les syndicats et les mouvements populaires, qui sont également confrontés aux nombreuses machinations des impérialistes.

C'est à travers nos luttes continues que nous construisons la force collective nécessaire pour pouvoir démolir le système international capitaliste monopoliste et construire un nouvel ordre mondial sur les bases de la justice et de la solidarité.

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